Cracovie, ses pierogi, ses bars à lait, ses crèches et son dragon …

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Un peu comme le chant du muezzin qui, cinq fois par jour, au Maghreb et au Moyen-Orient, appelle les musulmans à la prière, le hejnal de Cracovie rythme la vie du Rynek Główny, la grande place du marché, au coeur du centre historique de la ville, le Stare Miasto : aménagée en 1257, Rynek Główny est la plus grande place médiévale d’Europe, elle accueille en décembre un sublime marché de Noël.
Le hejnal est joué par un trompettiste installé au sommet de la plus haute tour de la Basilique Sainte-Marie de Cracovie (Kosciol Mariacki), le rôle est tenu par un pompier, ils seraient sept à se relayer, jour et nuit, tous les jours de l’année, sans exception : chaque heure, il joue quatre fois la même mélodie et l’interrompt brutalement (une fois vers le Sud, vers Wavel, pour le roi, une fois vers l’Ouest, pour le maire, une fois, une fois vers l’Est, pour les pompiers, une fois vers le Nord, pour les invités).
La légende (il en existe plusieurs versions) raconte que l’on commémore ainsi la mort du garde, tué par une flèche, qui, en 1241, a sauvé la ville d’une invasion mongole.

Nous sommes – cette fois-ci encore et comme d’habitude – passés par Absolu Voyages pour organiser notre séjour (vols, transferts, hôtel) : on pense souvent que solliciter une agence alourdit la note, ce qui est très souvent inexact. Nous avons posé nos valise à l’hôtel **** Betmanowska main quare résidence, qui donne directement sur le Rynek, et nous sommes allé diner : il faisait -4°, on a dû patauger dans la neige pour rejoindre, à quelques centaines de mètres, le Tradycyjne Polskie Smaki (5, Tomasza), que je vous conseille (mention spéciale au bortsch dans lequel nagent des pierogi). Ce restaurant sympa en mode cantine sans service à table n’a pas de site Internet, mais une page facebook, avec les menus et des photos des plats (pratique pour choisir quand on n’a pas fait polonais en LV1). Nous avons opté pour un jambonneau cuit à la bière brune (excellent et copieux) et une boulette de boeuf aux champignons, une bière, un verre de vin, 116 zlotys (26 euros) : on mange bien pour pas cher, à Cracovie ! Les plats sont souvent accompagnés de choucroute ou de choucroute crue, de chou rouge, de pommes de terre sous toutes leurs formes, de crudités : si vous n’êtes pas fan de choucroute ou de chou rouge, goûtez-les, ils ne ressemblent pas à ce que l’on connaît par chez nous (il y a aussi parfois du raifort en grosse quantité). Le lendemain, nous avons déjeuné pour le même prix au Pierogarnia Krakowiacy de la rue Florianska (c’est une chaîne qui compte six adresses, dont deux dans la même rue, pas de site Internet, mais une page facebook), une assiette de pierogi pour l’un (les restaurants les proposent généralement par 8, 10 ou 12, les pierogi sont des cousins polonais des raviolis, on en trouve partout, farci de mille façons, viande, légumes, fromage) et d’une soupe de légumes servie dans un pain de seigle creusé comme un bol …

Pour manger local, bon et pas cher, repérez les restaurants qui ne proposent pas de service à table : parfois, mais pas toujours, les prix doublent quand il y a une nappe et un serveur.
Ce n’est pas le cas au Domowe Przysmaki (4, Slawkowska) : 123 zlotys (28 euros) pour une escalope de volaille grillée et un goulash de porc avec des gnocchis moelleux (non, ce ne sont pas des pommes de terre), un verre de vin blanc polonais tout à fait honorable, et une bière (à titre de comparaison, deux verres de blanc pour l’apéro dans un café sur le Rynek peuvent être facturés 70 zlotys, il est donc conseillé de boire l’apéro au resto, sauf qu’on vous a trouvé un bar très sympa, chez Kurant, une galerie-librairie musicale qui propose même des cocktails !).

Vous pouvez aussi – quand vous commencez à avoir faim, mais le mieux est de le faire avant – repérer un bar mleczny (littéralement « bar à lait », que certains établissements traduisent, c’est tentant, par milk bar) : durant l’époque communiste, le bar mleczny, subventionné par l’État, proposait des repas à très bas prix, souvent à base de produits laitiers, pour permettre entre autres aux ouvriers qui n’avaient pas accès à une cantine de se restaurer (la plupart des bar mleczny sont maintenant des restaurants comme les autres, avec des tarifs attractifs et une carte de plats traditionnels, un peu comme les bouillons qui essaiment à Paris et ailleurs, ou les bouchons lyonnais qui, le matin, servaient le mâchon aux ouvriers des filatures). C’est dans un bar mleczny que nous avons déjeuné le surlendemain (le soir, au Marché, il y a quantité de brochettes, de saucisses, de boudins et de grillades, il serait dommage de s’en priver !), le Milkbar Tomasza (Swietego Tomasza, 24, toujours pas de site Internet, juste une page facebook, avec le menu), et on a battu le record ! Le menu du jour, une excellente soupe et une « kotelet » (traduite « schnitzel » mais composée de viande hachée) à 78 zlt pour deux (18 euros), un de nos meilleurs repas, avec des produits frais, des crudités fraîchement râpées, une chouette moutarde sucrée … Petit souci : la salle est toute petite (avec au centre une grande table de dix), l’établissement, réputé, ne prend pas de réservations, donc, trouver une place est aléatoire (fermé le soir, et pas d’alcool).

Il y a vraiment pas mal de spécialités à tester, à Cracovie : les pierogi, donc, et ceux du Milkbar Tomasza avaient l’air excellents (avec un air de ‘faut qu’on revienne et qu’on les teste), le bigos (vous trouverez plusieurs recettes de cette choucroute traditionnelle polonaise dans notre Petit traité de la choucroute, Le Sureau éditeur), la kielbasa, une saucisse paysanne fumée (celle du Morskie Oko, 8, Plac Szczepański, est excellente !!), l’obwarzanek, sorte de bretzel saupoudré de sel, de pavot ou de sésame (3,5 zlt à tous les coins de rue) et le paczek, un beignet rond et frit recouvert d’un glaçage, le barszcz (prononcer bortsch), une soupe à la betterave (celle du Morskie Oko est excellente !!) ou le zurek, une soupe nourrissante au seigle fermenté, souvent servie avec des lardons, une saucisse ou des oeufs durs, la zapienkanka, ou pizza de Cracovie (une demi-baguette garnie de champignons, de fromage, de ciboulette et de ketchup, parfois d’oscypek, un fromage de brebis fumé), les kanapkis, sorte de tapas ou de smorrebrod danois (environ 10 zlt pièce), et toutes les merveilles de la street-food juive, falafels, shawarma, pitas, etc.

Et puis, le soir, il faisait -8°, nous avons décidé de partir à la chasse au dragon (le soir, en décembre, c’est 17 heures) : Wavel (c’est le nom du dragon) habitait jadis sous une colline qui borde la Vistule, sur laquelle a été construit le château qui porte son nom, et puis, tout autour, la ville.
Sa caverne est toujours là, une statue a été érigée en son honneur juste devant, au pied du château, toutes les cinq minutes, elle crache du feu, ce qui surprend pas mal le touriste, et terrorise l’enfant qui l’accompagne …

Le Château royal de Wavel et la Cathédrale royale de Wavel se visitent, ce sont deux sites voisins, mais distincts. Petite curiosité, le château abriterait l’un des sept chakras de la terre, celui de Jupiter : certaines religions ou philosophies orientales situent, sur le corps humain, des points d’énergie appelés chakras, la terre étant un organisme vivant, elle possède ses propres points d’énergie, au nombre de sept, de Delhi à Jerusalem via Delphes et la Mecque (d’autres théories les situent ailleurs).
Dans la cour royale du chateau, visez le Nord-ouest, la chapelle Saint Gereon, vous trouverez, sous les arcades, un mur lisse et noirci à force d’être touché par des visiteurs soucieux de se recharger : attention, les guides et la direction du château sont exaspérés par cette tradition, ils interdisent les attroupements à cet endroit (ne dites pas que c’est moi qui vous en ai parlé).
Dans les traditions orientales, le dragon est le gardien des lieux de pouvoir, ce n’est donc peut-être pas un hasard si Wavel a élu domicile ici …

Nous sommes allés découvrir Kazimierz, l’ancien quartier juif (à ne pas confondre avec le quartier Stare Podgórze, l’ancien ghetto, de l’autre côté du fleuve, près duquel se situe l’usine d’Oskar Schindler, qui se visite). Kazimierz est un quartier d’artistes, d’étudiants, de friperies, de galeries d’art, de bars (comme le très sympa 2 okna café, sur Jozefa), un quartier underground pas forcément très accueillant au premier abord : il faut l’arpenter pour le comprendre, pousser des portes, traverser des cours, visiter des synagogues …

On s’est fait en passant un petit plaisir : la Frytki Belgijskie w Krakowie est une friterie belge qui sert les frites en cornet (une chaîne de friteries belges, avec six adresses disséminées dans la ville). On ne pouvait pas rater ça ! Il y en a trois ou quatre dans le quartier Kazimierz, on a choisi celui qui est place Nowy (il faut faire le tour de cette jolie place ronde : au milieu, des aubettes qui proposent à manger, autour, des brocanteurs). On s’en est un peu voulu de craquer pour des frites belges à Cracovie, on a coupé la poire en deux, et opté pour des frites de patates douces, avec de la mayonnaise (23 zlt) : elles étaient excellentes !

Le concours des crèches de Noël (Szopki w krzysztoforach) a lieu sur le Rynek le matin du premier jeudi de décembre, les crèches sont ensuite, à partir du samedi, exposées au Palac Kezysztofory, un musée tout proche : c’est ce que je racontais en 2008, avec le photographe Alen Méaulle, dans notre reportage sur les crèches pour Voyageur, un esprit d’ailleurs (les photos d’Alen sont nettement plus belles que les miennes !!).

Il y a un dragon et un trompettiste dans chaque crèche, plus ou moins visible, et beaucoup d’autres symboles …

C’est ainsi que s’est terminé notre séjour, un grand merci au band de la 3eme division d’infanterie US, stationnée à Fort Stewart (Georgia), déployée en Lithuanie et à la frontière ukrainienne (distante de 250 kilomètres) pour avoir de manière tout à fait improvisée fait swinguer notre dernière soirée enneigée !

Si vous cherchez un hôtel moins cher (pas tant que ça, en fait), la chaîne française d’hôtels économiques B&B, que je fréquente assidûment en France, a un hôtel sur l’autre rive de la Vistule (comptez 25 minutes de marche à pied pour le Rynek, ou prenez le tram) : ce n’est pas pour la ramener avec mon agence de voyage, mais notre **** sur le Rynek nous a coûté 150 euros la nuit avec deux petits-déjeuners, le B&B est affiché à 171 euros sans le petit-déjeuner (on doit pouvoir trouver de meilleurs tarifs en s’y prenant à l’avance et en évitant la haute saison).
Pareil pour la compagnie aérienne : avec deux valises en soute, Lufthansa, de Toulouse à Cracovie via Francfort, n’est pas plus chère qu’une low-cost, et offre un meilleur service en cas de correspondance ratée ou de bagages retardés) …

Cet article a été rédigé sur place en décembre 2023.

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